5 questions à... Christopher Evrard

By Camille - septembre 26, 2020



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 Après avoir lu Les Royaumes démoniaques de Christopher Evrard (voir mon avis sur Instagram), j'ai eu l'occasion de poser mes questions à l'auteur et de reprendre ce format que j'aime tellement. Les Royaumes démoniaques est une saga de dark fantasy dans laquelle on suit en particulier le personnage de Ciwen dans sa quête pour la roche des âges. Cet interview était pour moi l'occasion de vous présenter un auteur auto-édité et donc un point de vue un peu différent de celui de d'habitude sur les choix éditoriaux qu'il a pu faire pour son livre. 

Je vous laisse avec ses réponses ! 

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La Bibli de Cam : Au sein du livre, on découvre de nombreuses illustrations correspondant à certaines scènes. Pourquoi avoir fait le choix d’ajouter des détails visuels à l’histoire (je pense aussi notamment à la carte ou aux blasons des clans en fin de livre) ?


Christopher Evrard : En fait, plus jeune, j'étais accro à « Warhammer » (ie. jeu de rôle sur table), que ce soit Warhammer 40,000 ou Warhammer Fantasy. Les livres de règle et les livres d'armée étaient remplis à craquer d'illustrations en tout genre. Chaque page, tu avais des dessins, des symboles, des encadrés super stylés, et j'en passe. Sans parler des vraies illustrations représentant par exemple un guerrier orc (ie. un type de guerrier assez puissant), un chevalier bretonnien, un démon majeur, un magicien elfe, ou un seigneur saurus homme-lézard. Tu ne savais limite plus où donner de la tête tellement en terme d'objet livre (illustré ici), ça en jette. J'ai très rapidement fait le choix d'avoir des illustrations de cet acabit dans mes livres car c'est une plus-value, tout simplement. Et puis c'est tellement plus immersif : je veux dire, tu lis la scène d'un duel à mort entre un démon et un soldat nain par exemple, et à la page de droite, tu as l'image de la scène. Tu rentres beaucoup plus dedans. Y a un effet particulier qui s'opère quand tu as ce genre d'oeuvre. Même l'illustration parfois t'aurais l'impression qu'elle bouge, si le dessin est bien fait évidemment.

Ce choix et cette idée se sont imposés à moi comme une évidence, et j'ai fait en sorte que cela soit possible en dégottant un illustrateur qui ait un style visuel, une patte, qui me convienne.



LBDC : Parlons de vos inspirations : en lisant, j’avais l’impression d’être plongée dans une véritable quête du Graal, voire dans un jeu vidéo RPG (un sentiment qui s’est confirmé quand j’ai vu la bande-son à la fin du livre). Où êtes-vous allé piocher vos idées ?


CE : Je mentirais si je disais que je n'étais pas un gros geek qui passe son temps devant son PC, et donc forcément à un moment, sur un jeu vidéo. Je joue bien moins qu'avant, mais bon. Cela étant dit, je n'ai pas créé mon univers comme ça, je n'ai pas pioché à gauche et à droite pour faire un gloubi-boulga. Pour l'ambiance, les informations techniques, je fais des recherches, mais pour la narration, l'histoire en elle-même, c'est un pur produit de mon esprit.


Je m'inspire énormément de ma vie, de mon vécu, de ce que j'ai vu, de ce par quoi je suis passé. Il y a beaucoup de notes, de références, ou des choses et autres qui font écho à mon vécu pour ceux qui me connaissent personnellement, mais par contre ce n'est pas un livre qui est un copier-coller ou une espèce de vengeance sur ma vie, non, c'est juste que je pioche des éléments çà et là car je les connais bien.


Pour l'univers, c'est simplement mon esprit qui vient avec tout seul, les idées me viennent d'elles-mêmes. Je n'ai même pas à chercher en fait. J'attends qu'elles viennent, et elles viendront, c'est comme ça que ça marche. L'histoire se développe dans ma tête, comme une tâche en arrière-plan de votre PC, et puis quand je me sens prêt, quand j'ai fait le tri (toujours en arrière-plan), je me contente de l'écrire. C'est extrêmement contemplatif et introverti comme processus. Je m'inspire en réalité peu d'autres oeuvres. Peut-être un design de monstre, un mouvement de combat, le ton d'un dialogue, une architecture... mais ce sont juste des détails au final.



LBDC : Le résumé du livre est très philosophique et évasif, ne donnant que peu de détails sur la quête qui sera celle de Ciwen. Pourquoi avoir fait le choix de ne pas donner plus d’informations au lecteur ?


CE : Je déteste quand le trailer d'un film en dit trop. Peu importe s'il s'agit d'une série, d’un jeu, ou alors d’un générique de dessin animé, ou que sais-je. Ça gâche le plaisir de découverte. On n’a qu'une seule chance et opportunité de découvrir une oeuvre, le moment précédent l'instant où on se plonge dedans. A cet instant là, si on n’est pas « vierge » d'influence, notre découverte ne se passera pas réellement comme une vraie découverte. On aura des attentes, une idée préconçue de ci ou ça.


Pour un livre, la 4e de couverture, c’est pareil. Et dans le cas de mes ouvrages, il est compliqué (certains chroniqueurs et youtubeurs disent même « impossible ») de résumer ou parler de ce qui est dedans sans spoiler. Puis, même si je disais « C'est l'histoire d'un mage à la recherche d'un caillou magique. Il va lui arriver des histoires. Il va rencontrer des gens. Puis y aura des gens qui se taperont dessus. Y aura des démons aussi » c'est juste pas intéressant, c'est nul, c'est mou, c'est d'un suffisant...


Il y a une dose certaine de réflexion et philosophie dans mon ouvrage, je ne dirais pas que c'en est le coeur, mais il est évident que beaucoup de questions existentielles ou des dilemmes moraux sont abordés. Faire une 4e de couverture cryptique qui pose quelques unes de ces thématiques et interrogations me semblait approprié. J'ai tenté de la rendre poétique, mystérieuse, et je pense que ça a marché. Certains n'aiment pas, mais bon, chacun ses goûts.


LBDC : Tous les personnages ont leur part de noirceur dans ce livre, pensez-vous que certains peuvent tout de même être qualifiés de héros ? Y a-t-il véritablement des personnages du côté de la lumière et d’autres du côté de l’ombre ?


CE : C’est l'un des grands enjeux de ma saga. Savoir ce qui est le bien, et le mal. Tel le Yin et le Yang, le mal et le bien s’entremêlent. C'est la vie qui est ainsi faite. Un lion est-il « mauvais » car il chasse et dévore d'autres animaux ? Un moine bouddhiste est-il bon car il médite et vit une vie pacifique ? Ce sont des questions qui existent depuis des milliers d'années, peut-être même depuis le tout début de la civilisation humaine avec les Sumériens.


Je ne pense pas qu'il faille réfléchir en terme de bien et de mal dans mon ouvrage, ni chercher un héros. Ce n'est pas le propos. J'ai d'ailleurs pas mal de difficultés à parler de Ciwen en tant que « personnage principal » car, en réalité, même si c'est lui qu'on suit le plus (surtout dans le premier tome), il y a beaucoup, beaucoup plus de choses à explorer et aborder. Ce n'est pas son histoire. En tout cas pas uniquement. Cela dit, c'est aux lecteurs de choisir comment interpréter tout ça, si pour lui tel ou tel perso est un héros, ou si un autre est un méchant en puissance. De toute façon, dans chaque ouvrage (car cette saga sera longue, il y aura entre 6 et 9 tomes je pense), vous aurez l'occasion de découvrir d'autres choses, de voir d'autres facettes de plusieurs personnages !


LBDC : Pensez-vous qu’auto-éditer votre livre vous a permis une certaine liberté ? Quels sont selon vous les avantages que ce mode de publication apporte à l’auteur par rapport à une publication par le biais d’une maison d’édition ?


CE : C’est indéniable que l'auto-édition est une forme ultime de liberté en termes de créativité pour un projet littéraire. Bon, Amazon peut toujours décider de ne pas publier, mais je crois que je ne dis rien d'illégal ou répréhensible donc ça va. 


Personnellement je souhaiterais être dans une maison d'édition, mais elles ne m'ont pas donné ma chance donc j'ai opté pour l'auto-édition. Choix par défaut ? Peut-être, mais c'est un choix quand même, et plus le temps passe, plus je me dis que peut-être faire partie d'une maison ne me conviendrait pas. Je devrais faire avec d'autres personnes, d'autres idées, des agendas différents, ils auront leur mot à dire sur mon ouvrage... et ça j'aimerais pas trop. En auto-édition, je suis responsable à 100%, c'est moi qui dicte les règles et les modalités. Et ça c'est cool.


Donc ce serait ça que je dirais aux gens, l'auto-édition c'est cool, vous êtes en total contrôle, mais faut pouvoir tenir la distance. Faut pouvoir financer. Faut pouvoir faire votre promo. Faut pouvoir vous organiser seul, et tout le monde n'aime pas forcément ça. C'est un choix à faire. Il a le mérite d'exister, c'est déjà bien, car il y a environ 20 ans, l'auto-édition ça n'existait pratiquement pas !


LBDC : Question bonus : En quelques mots, parlez-nous de cette saga, pourquoi la lire ? Pourquoi aller jusqu’au tome 3 ? Que nous réserve-t-il de plus ?


CE : Si vous appréciez les univers imaginaires, originaux qui plus est, avec une teinte de maturité et de réflexion, cette saga est pour vous. Elle est sans concession, et vous permettra de vivre une aventure épique, une fresque grandiloquente où les destins se mêlent les uns aux autres dans des conflits cataclysmiques, conflits qui posent des questions philosophiques ou morales éternelles et propres à chacun.


Le tome 3 continue les deux précédents, et vous fera avancer dans ce premier arc narratif qui arrive doucement à une conclusion. Il vous fera découvrir de nouveaux personnages qui font partie d'un grand tout, que vous n'avez peut-être pas soupçonné.

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