Date de parution : 2019
Genre : Biographie/récit/témoignage
Edition : Actes Sud
Je me méfie désormais des lectures que je fais pour les cours : souvent les lectures imposées finissent par me prendre un temps infini à lire. Ces livres sont souvent très longs, et pas toujours très intéressants. Aussi, j'étais heureuse qu'on nous donne pour une fois un livre contemporain et très récent (sorti cette année), mais en ouvrant ce roman (ou devrais-je dire plutôt ce récit), j'avais encore cette appréhension d'étudiante un peu frustrée à qui on ne laisse pas le choix de ses lectures.
Seulement, je n'avais pas encore rencontré la plume de Gisèle Bienne. Déjà, il me faut ici parler des thèmes qu'elle aborde dans cette oeuvre. Maladie et environnement sont les fils conducteurs de ce récit d'inspiration autobiographique. En effet, Gisèle Bienne expose les dangers des pesticides et surtout ce qu'ils ont fait à son frère Sylvain, agriculteur, que l'on découvre atteint d'une leucémie au début de ce roman. Il est d'ailleurs difficile de qualifier ce livre : roman ou récit ? Je crois qu'ici on est complètement à la frontière des deux, c'est-à-dire une histoire vraie qui inspire complètement une trame narrative. Il y a alors dans ce qu'on lit une véracité telle qu'elle donne froid dans le dos. Gisèle Bienne ponctue son texte d'attaques contre les grandes firmes de pesticides sur le marché (Monsanto et Bayer pour ne citer qu'elles) et montre qu'elle a, tout comme la narratrice de cette histoire, fait de nombreuses recherches pour nous livrer cette pépite qu'est La Malchimie.
Ce qui m'a d'ailleurs tant plu dans ce livre, c'est donc à la fois les messages forts qu'il laisse en nous quand on le referme, mais aussi cette absolue authenticité que l'on ressent en lisant. Les phrases de ce texte marquent : parce qu'elles sont courtes, parce qu'elles sont vraies. Et puis surtout parce que la plume de Gisèle Bienne n'utilise pas de fioritures pour raconter la réalité, elle va droit au but. Ce récit m'a touchée et m'a même instruite.
Une chose est sûre, vous refermerez ce livre en ayant appris une leçon. Avis notamment à ceux qui travaillent dans le médical : Gisèle Bienne parle énormément de la condition du patient, de ce qu'il peut ressentir lors de certaines annonces et du manque parfois de considération par les médecins. Et, bien sûr, elle nous instruit sur certaines firmes et sur certains produits en lien avec les pesticides - un sujet on ne peut plus actuel.
La Malchimie est un livre très court, idéal à lire entre deux gros pavés, et c'est un livre à lire absolument.
Voilà maintenant un moment que je ne vous donnais plus de citations, mais pour ce livre, j'avais réellement envie de vous donner quelques aperçus :
"Parler, c'est creuser la plaie. Quand vous craquez, il se trouvera toujours quelqu'un qui tentera de s'immiscer dans votre chagrin sous couvert de compassion, cette dégoulinante tarte à la crème."
"Quand j'écris, je suis avec la chose qui s'écrit, je ne suis ni bien, ni mal, je suis requise par la chose, intéressée, passionnée à certains moments, une passion exigeante."
"Elle voulait "non pas la "qualité de vie", mais la vie". Elle ne pensait plus, comme certaines théories le prônaient, que la personne puisse être psychologiquement à l'origine de sa maladie. Elle refusait cette culpabilisation du patient."
Avez-vous lu des livres coups de poing ces derniers temps ? Lisez-vous beaucoup de littérature générale ?
Cam
1 commentaires
Merci pour votre lecture forte et subtile à la fois de "La malchimie" de Gisèle Bienne, un très beau livre effectivement, et nécessaire.
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