Date de parution : 1913
Edition : Folio plus
Chanson associée : J’attends de Ben Mazué et Pomme
Avant de commencer cette chronique, je vous propose de se mettre un peu dans le contexte car pour une fois, j’ai une petite histoire à vous raconter à propos ce livre.
L’année dernière, en prépa, nous avions des dictées. L’une des premières que l’on ai faite était justement sur ce roman, sur la description de nymphéas et d’un jardin. J’ai trouvé le texte magnifique et ai eu envie de lire ce fameux livre dont on nous parle durant toute notre scolarité (et dont j’avais aussi étudié un très beau passage au lycée d’ailleurs) et qui semble être un classique incontournable (et vous connaissez mon amour pour les classiques). J’ai lutté pendant des semaines à essayer de le lire - en vain. J’ai arrêté ma lecture à une trentaine de pages, incapable de me concentrer davantage sur un roman qui n’avait aucun fil conducteur et aucune histoire. En discutant par la suite avec l’un de mes enseignants, il m’a avoué ne l’avoir lu qu’après trente ans et que c’était, selon lui, « le genre de livre qu’on ne peut lire qu’en ayant de l’expérience, car c’est là uniquement qu’on le comprend ». J’ai donc soigneusement rangé Du côté de chez Swann au fond de ma bibliothèque, bien décidée à ne pas le ressortir avant une dizaine d’année. C’était sans compter sur ma prof de français de l’année à venir qui nous a demandé de lire les deux premiers tomes de La Recherche durant nos vacances.
Où est-ce que je veux en venir avec cette petite histoire ? Déjà, je tenais à dire que cette fameuse phrase était plutôt vraie. Il n’y a peut-être qu’un an et quelques qui sont passés entre mes deux lectures mais il faut savoir qu’entre mes deux années de prépa, j’ai plus qu’évolué niveau lecture. Déjà, j’ai lu au total plus d’une cinquantaine de livres entre temps. J’ai aussi eu des cours beaucoup plus approfondis et ai donc évolué niveau vocabulaire, construction de phrases... Alors oui, cette expérience supplémentaire m’a permis d’avoir un œil neuf sur un livre qu’il m’avait été impossible de lire peu de temps avant. Tout ça pour dire que Du côté de chez Swann n’est pas un livre simple. Bien que magnifique, je ne le recommande pas à tout lecteur : il faut savoir à l’avance dans quoi on se lance, savoir persévérer dans la lecture et surtout savoir prendre son temps.
Et puis, pour lire ce livre il faut aussi avoir plus d’expérience dans la vie. Les paysages décrits, les souvenirs racontés... Tout ça fait écho à la mémoire de l’auteur mais aussi à celle du lecteur. Tout le monde a sa petite madeleine de Proust, mais celle-ci devient plus forte et nous procure davantage de nostalgie avec l’âge. Ainsi, je pense qu’en grandissant, la plume de Proust nous touche encore plus et Du côté de chez Swann peut prendre réellement tout son sens. Je suis curieuse de le relire d’ici dix, vingt ans. Je sais que je n’en retirerai pas la même chose.
Pour vous donner un avis un peu plus ciblé, je me suis quand même assez ennuyé en lisant ce livre. La première partie est très descriptive et passe un peu du coque à l’âne par moment (à moins que ce ne soit moi qui n’aie pas été assez attentive dans ma lecture, c’est possible aussi). En revanche, la deuxième partie est nettement plus intéressante avec des personnages concrets et une petite romance qui m’a tenue en haleine et que je suis même contente de retrouver dans le deuxième tome que je suis actuellement en train de lire. Proust a le don pour savoir trouver les bons mots et pour transformer une description en un tableau très réaliste. On prend ainsi conscience que les mots sont tout aussi puissants que la peinture pour rendre l’âme d’un paysage. J’ai eu un peu plus de mal avec la troisième partie, mais je garde néanmoins un très bon souvenir de cette lecture : pour une fois, ce n’est pas l’histoire qui m’a touchée mais simplement la plume de Proust et cette réflexion sur ma lecture qu’elle m’a apportée.
Avez-vous déjà lu Proust ? Pensez-vous qu’aimer un livre signifie nécessairement aimer l’histoire qui s’y déroule ?
Cam
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